Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/258

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de leurs délibérations : que tous les impôts fussent déclarés illégaux et concédés seulement pour la durée de la présente session et non au delà ; que les dettes du roi fussent reconnues par la nation et payées sur des fonds à ce destinés. On l’écouta avec attention et on l’applaudit beaucoup. M. Mounier, député du Dauphiné, homme de grand renom et qui a aussi publié quelques brochures très bien reçues du public, fit une motion différente : de se déclarer les représentants légitimes de la majorité de la nation ; d’adopter le vote par tête, et non par ordre ; de ne jamais reconnaître aux représentants du clergé et de la noblesse le droit de délibérer séparément.

M. Rabaud-Saint-Étienne, protestant du Languedoc ; auteur, lui aussi, d’écrits sur les affaires présentes, homme de talent considérable, parla à son tour pour émettre les propositions : que l’on se proclamât les représentants du peuple de France, que les impôts fussent déclarés nuls, qu’on les accordât seulement pour la durée de la session des états ; que la dette fût vérifiée et consolidée et un emprunt voté. Ce qui fut fort approuvé, sauf l’emprunt que l’assemblée rejeta avec répugnance. Ce député parle avec clarté et précision, et ne s’aide de ses notes que par intervalles. M. Barnave, un tout jeune homme, de Grenoble, improvisa avec beaucoup de chaleur et d’animation ; quelques-unes de ses phrases furent d’un rythme si heureux, et il les prononça de façon si éloquente, qu’il en reçut beaucoup d’applaudissements ; plusieurs membres crièrent bravo ! Quant à leur manière générale de procéder, elle pèche en deux endroits : on permet aux spectateurs des tribunes de se mêler aux débats par leurs applaudissements et d’autres expressions bruyantes d’approbation, ce qui est d’une grossière inconvenance, et a même son danger ;