Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/259

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car s’ils peuvent exprimer leur approbation, ils peuvent en conséquence exprimer leur déplaisir, c’est-à-dire siffler, aussi bien que battre des mains ; ce qui, dit-on, s’est produit plusieurs fois : de la sorte ils domineraient les débats et influenceraient la délibération. En second lieu, il n’y a pas d’ordre parmi les députés eux-mêmes ; il y a eu plus d’une fois aujourd’hui une centaine des membres debout à la fois, sans que M. Baillie (Bailly) pût les ramener à l’ordre. Cela dépend beaucoup de ce qu’on admet des motions complexes ; parler dans une même proposition de leur titre, de leurs pouvoirs, de l’impôt, d’un emprunt, etc., etc., paraîtrait absurde à des oreilles anglaises, et l’est en effet. Des motions spéciales fondées sur des propositions simples, isolées, peuvent seules produire de l’ordre dans les débats, car on n’en finit pas lorsque 500 membres viennent tous motiver leur approbation sur un point, leur dissentiment sur un autre. Une assemblée délibérante ne devrait procéder aux affaires qu’après avoir établi les règles et l’ordre à suivre dans ses séances, ce qu’on fera seulement en prenant le règlement d’autres assemblées expérimentées, en confirmant ce que l’on y trouve d’utile, en modifiant le reste selon les circonstances. Comme je pris ensuite la liberté de le dire à M. Rabaud-Saint-Etienne, on aurait pu prendre dans le livre de M. Hatsel le règlement de la Chambre des communes, on aurait ainsi épargné un quart du temps. On leva la séance pour le dîner. Nous dînâmes nous-mêmes chez M. le duc de Liancourt, au Palais, où se trouvèrent 20 députés. J’étais à côté de M. Rabaud-Saint-Etienne, et j’eus avec lui une longue conversation ; tous parlent avec une égale confiance de la chute du despotisme. Ils prévoient bien que l’on fera des tentatives très pernicieuses