Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/276

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par toutes les chimères des couleurs enchanteresses de la liberté. Je suis très curieux d’apprendre le résultat des délibérations qui ont suivi les premières protestations des communes contre la violence militaire employée d’une façon à la fois si injustifiable et si peu judicieuse. Si les propositions du roi étaient venues après le vote des subsides, et à propos de quelques questions moins importantes, ce serait autre chose ; mais les présenter avant d’avoir un shilling de voté, ou une mesure prise pour sortir de cet embarras, change l’affaire du tout au tout. Le soir. La conduite de la cour est inexplicable et inconséquente : tandis que par la séance royale on avait tout fait pour maintenir la séparation des ordres, on a permis à une grande partie du clergé de se réunir aux communes. Le duc d’Orléans, à la tête de quarante-sept membres de la noblesse, fait de même : et, autre preuve de l’instabilité des conseils de la cour, les communes se sont maintenues dans la grande salle des états, malgré l’exprès commandement du roi. Le fait est que la séance royale était contraire à ses sentiments personnels, et que ce n’est qu’avec beaucoup de difficulté que le conseil la lui avait fait adopter ; aussi, lorsqu’à chaque instant il devenait de plus en plus urgent de donner des ordres efficaces pour le maintien du système proposé, il fallut, de nouveau, livrer bataille sur chaque point, et le projet ne fut que mis en train sans que l’on y persistât. Voilà ce qu’on en dit, et c’est probablement la vérité. On voit aisément que mieux aurait valu, pour mille raisons, ne pas prendre cette mesure, car le gouvernement a perdu tout prestige et toute énergie, et le peuple va se montrer plus exigeant que jamais. Hier, à Versailles, la populace a insulté, et même maltraité, les membres du clergé et de la noblesse connus par