Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/277

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leurs efforts pour maintenir la séparation des ordres. L’évêque de Beauvais a reçu à la tête une pierre qui l’a presque assommé.[1]. On a brisé toutes les fenêtres chez l’archevêque de Paris, et il a dû changer de logement ; le cardinal de Larochefoucauld a été hué et sifflé. La confusion est si grande, que la cour ne peut compter que sur les troupes ; encore dit-on maintenant d’une manière positive que, si ordre est donné aux gardes françaises de faire feu sur le peuple, ils refuseront. Cela n’étonne que ceux qui ne savent pas combien ils sont las des mauvais traitements, de la conduite et des manœuvres du duc du Châtelet, leur colonel ; tant les affaires de la cour ont été mal menées sous tous les rapports, tant elle a été malheureuse dans le choix des hommes dont dépendent le plus sa sûreté et même son existence ! Quelle leçon pour les princes qui souffrent que de vils courtisans, des femmes, des bouffons, s’emparent d’un pouvoir qui n’offre de sécurité qu’entre les mains de l’habileté et de la prudence. On affirme que ces troubles ont été machinés par les meneurs des communes, et quelques-uns payés par le duc d’Orléans. La confusion du ministère est au comble. — Le soir, Théâtre-Français : le Comte d’Essex et la Maison de Molière.

Le 26. — Chaque moment semble apporter au peuple une nouvelle ardeur ; les réunions du Palais-Royal sont plus nombreuses, plus violentes et plus audacieuses que jamais, et dans la réunion des électeurs, convoqués

  1. Il eût été tué que personne n’en aurait eu grand regret. Dans une réunion de la Société d’agriculture, à la campagne, où l’on avait admis des fermiers à la table avec des personnes de premier rang, cet imbécile n’avait-il pas fait des difficultés pour prendre place dans une telle compagnie ! (Note de l’auteur.)