Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

royale en écrivant aux présidents de la noblesse et du clergé se joindre avec leurs ordres aux communes, donnant ainsi le démenti à ses ordres antérieurs. On lui a représenté que la disette est si grande dans toutes les parties du royaume, qu’il n’y avait pas d’excès auxquels le peuple ne fût capable de se porter ; qu’à moitié mort de faim il écouterait toutes les objections et se tenait, sur le qui-vive pour tous les mouvements ; que Paris et Versailles seraient infailliblement brûlés ; qu’en un mot tous les malheurs suivraient son obstination à ne pas se départir du plan de la séance royale. Ses appréhensions l’emportèrent sur les conseils du parti qui l’avait dirigé ces derniers jours, et il prit celle décision dont l’importance est telle qu’il ne saura plus maintenant ni où s’arrêter, ni quoi refuser. Sa position dans la réorganisation du royaume sera celle de Charles Ier, spectateur impuissant des résolutions efficaces d’un Long-Parlement. La joie excitée par cet acte a été infinie, et l’Assemblée se mêlant au peuple s’est empressée de se rendre au château ; les cris de : Vive le roi ! auraient pu s’entendre de Marly. Le roi et la reine se montrèrent aux balcons et furent reçus par des clameurs enthousiastes, ceux qui dirigeaient ce mouvement connaissant bien mieux la valeur des concessions que ceux qui les avaient faites. J’ai parlé aujourd’hui avec plusieurs personnes, et parmi elles plusieurs nobles, non sans m’étonner de leur voir entretenir l’idée que cette union n’est que pour la vérification des pouvoirs et la confection de la constitution, nouveau terme qu’ils ont adopté comme si leur nouvelle constitution était un pudding que l’on fasse d’après une recette. Je leur ai demandé en vain où est le pouvoir qui les séparera ensuite si les communes n’y veulent pas consentir, chose probable, puisque cet arrangement