Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/286

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constitution anglaise : « Acceptez-la, disais-je, en bloc ; c’est l’affaire d’un tour de scrutin ; votre représentation égale et réelle pour tous a fait disparaître sa plus grande imperfection ; quant au reste, dont l’importance est minime, modifiez-la, mais prudemment ; car ce n’est qu’ainsi que l’on touche à une charte qui, dès son établissement, a procuré le bonheur à une grande nation, la grandeur à un peuple que la nature avait fait petit, mais qui, à force de copier humblement ses voisins, s’est rendu dans un siècle le rival des nations les plus illustres dans ces arts qui embellissent la vie humaine, et maître de toutes dans ceux qui contribuent à son bien-être. » On louait mon attachement à ce que je pensais être la liberté ; en répondant que le roi de France ne devait pas apposer son veto à la volonté de la nation, que l’armée devait être entre les mains des provinces, et cent idées également absurdes et impraticables.

Tels sont cependant les sentiments que la cour a tout fait pour répandre dans le pays, car, la, postérité le croira-t-elle ? pendant que la presse fourmillait de publications incendiaires tendant à prouver les bienfaits d’un chaos théorique et d’une licence spéculative, on n’a pas employé un seul écrivain de talent à réfuter leur doctrine, en vogue et à les confondre ; on ne s’est pas donné la moindre peine pour faire circuler des œuvres d’une autre couleur. À ce propos, je dois dire que quand la cour vit que les états ne pouvaient plus être convoqués sous leur ancienne forme, qu’il fallait en conséquence procéder à de grandes innovations, elle aurait dû prendre notre constitution pour modèle, rassembler le clergé et la noblesse dans une seule chambre et mettre un trône pour le roi quand il s’y fût rendu ; réunir tes communes dans une autre salle,