Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/296

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Reims et on en sort par de superbes portes de fer très élégantes ; pour ces décorations publiques, ces promenades, etc., etc., les villes de France sont bien supérieures à celles d’Angleterre. Fait halte à Sillery, pour visiter les propriétés du marquis de ce nom ; c’est un des plus grands propriétaires de vignes de toute la Champagne : il en a 180 arpents. Ce ne fut qu’en y arrivant que je sus que ce gentilhomme était le mari de madame de Genlis ; [1] ; j’appelai toute mon effronterie à l’aide, pour me présenter au château s’il y avait quelqu’un : je n’aurais pas voulu passer devant la porte de cette femme, que ses écrits ont rendue si célèbre, sans lui rendre visite. En conscience, la Petite Loge où je couchai est une assez mauvaise auberge, sans que cette réflexion en vînt décupler les ennuis ; toutefois, l’absence de monsieur et madame mit fin à mes inquiétudes et à mes souhaits. Le marquis est aux états généraux. — 28 milles.

Le 9. — Traversé jusqu’à Châlons un pauvre pays et de pauvres récoltes. M. de Broussonnet m’avait recommandé à M. Sabbatier, secrétaire de l’Académie des sciences ; mais il était absent. À l’auberge, l’officier d’un régiment en route sur Paris m’adressa la parole en anglais. — Il l’avait, dit-il, appris en Amérique, damme ! Il avait pris lord Cornwallis, damme ! Le maréchal de Broglie était nommé commandant en chef d’une armée de 50,000 hommes, réunie autour de

  1. La marquise de Sillery (Mme de Genlis) s’est fait en Angleterre comme en Allemagne une grande réputation : ici je ne l’entends jamais nommer que d’un air railleur et avec un sourire de malveillance. Elle est la bête noire des gens de lettres ; (Extrait des lettres d’un Allemand habitant en Angleterre écrites pendant ses voyages en France et en Hollande, en 1787, 1790 et 1791. — Leipzig, Dyck. — 1792.)