Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/318

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un grand nombre de taxes qui vous sont inconnues en France ; mais le tiers état, les pauvres n’en sont pas chargés ; ce sont les riches qui payent ; toute fenêtre est imposée, mais seulement quand la maison en a plus de six ; la terre du seigneur paye les vingtièmes et les tailles, et non pas le jardin du petit propriétaire ; le riche paye pour ses chevaux, ses voitures, ses domestiques, pour la permission de chasser les perdrix de son domaine ; le pauvre fermier en est exempt ; bien mieux, le riche, en Angleterre, contribue au soulagement du pauvre. Vous voyez donc bien que si, suivant M. l’abbé, il doit toujours y avoir des taxes parce qu’il y en a toujours eu, cela ne prouve pas qu’elles doivent être levées de même ; notre manière anglaise serait bien meilleure. Pas un mot de ce discours qui ne fût approuvé par mes auditeurs ; ils parurent penser que j’étais un assez bon diable, ce que je confirmai en criant : Vive le tiers sans impositions ! Ils me donnèrent alors une salve d’applaudissements et ne me troublèrent pas davantage. Mon mauvais français allait à peu près de pair avec leur patois. J’achetai cependant une autre cocarde, que je fis attacher de façon à ne plus la perdre. Le voyage me plaît moitié moins dans un moment de fermentation comme celui-ci ; personne n’est sûr de l’heure qui va suivre. — 35 milles.

Le 27. — Besançon. Au-dessus de la rivière, le pays est montagneux, couvert de rochers et de bois ; on y trouve quelques beaux points de vue. J’étais arrivé depuis une heure à peine, quand je vis passer devant l’hôtel un paysan à cheval suivi d’un officier de la garde bourgeoise ; son détachement, aux cocardes tricolores, en précédait un autre de fantassins et de cavaliers pris dans l’armée. Je demandai pourquoi la milice