Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/323

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jours à Bradfield, à moins qu’en sa qualité de président et de noble le tiers état ne l’ait déjà assommé. Ce soir au spectacle : misérables acteurs ; le théâtre, construit assez récemment, est lourd ; le cintre, qui sépare la scène de la salle, ressemble à l’entrée d’une caverne, et la ligne de l’amphithéâtre rappelle les contorsions d’une anguille blessée ; l’air et les manières des gens ici ne me reviennent pas du tout, et je voudrais voir Besançon englouti par un tremblement de terre plutôt que de consentir à y vivre. La musique, les hurlements et les grincements de l’Épreuve villageoise de Grétry, pièce détestable, n’eurent pas le pouvoir de me remettre de bonne humeur. Je ne prendrai pas congé de la ville de Besançon, dans laquelle je désire bien ne plus jamais remettre les pieds, sans dire qu’il y a une belle promenade, et que M. Artaud, l’arpenteur, auquel je m’adressai pour avoir des informations, sans avoir pour lui de lettre de recommandation, s’est montré très franc et très poli à mon égard. Il m’a donné tout sujet d’être satisfait par ses réponses à mes questions.

Le 29. — Jusqu’à Orechamp (Orchamps), le pays est sévère, plein de beaux bois et de rochers ; cependant il ne plaît pas ; il en est comme de ces gens dont les qualités sont estimables, mais que cependant nous ne saurions aimer. Pauvre culture aussi. Au sortir de Saint-Vété (Saint-Wit), riant paysage, formé par la rivière qui revient sur ses pas à travers la vallée qu’animent un village et quelques maisons éparses çà et là : la plus jolie vue que j’aie rencontrée en Franche-Comté. — 23 milles.

Le 30. — Le maire de Dôle est de même étoffe que