Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/334

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cinq machines à vapeur servent à faire aller les soufflets et à forer ; on en construit une sixième. Je causai avec un ouvrier anglais de la cristallerie ; ils étaient plusieurs autrefois, il n’en reste plus que deux. Il se plaignit du pays, disant qu’il n’y avait rien de bon que le vin et l’eau-de-vie, et je ne doute pas qu’il en fît bon usage. — 25 milles.

Le 4. — Arrivé à Autun par un affreux pays et par d’affreux chemins. Pendant les sept ou huit premiers milles l’agriculture fait pitié. Après, les clôtures ne cessent pas jusqu’auprès d’Autun, où elles laissent quelques interruptions. De la hauteur qui domine la ville on découvre une grande partie des plaines du Bourbonnais. Visité le temple de Janus, les remparts, la cathédrale, l’abbaye. Les rumeurs sur les brigands, les pillages et les incendies sont aussi nombreuses que par le passé ; quand on sut que je venais de traverser la Bourgogne et la Franche-Comté, huit ou dix personnes vinrent à l’hôtel me demander des nouvelles. La bande des brigands s’élève ici à 1,600. On fut très surpris de mon incrédulité à cet égard, car j’étais désormais convaincu que ces désordres étaient dus à la rapacité des paysans. Mes auditeurs ne partageaient pas cette croyance ; ils me citèrent nombre de châteaux brûlés par ces bandes ; mais l’analyse de ces récits ne tardait pas à faire voir leur peu de fondement. — 20 milles.

Le 5. — L’extrême chaleur d’hier m’a donné la fièvre, et je me suis réveillé avec le mal de gorge. J’étais tenté de perdre ici un jour à me soigner ; mais nous sommes tous assez sots pour jouer avec ce qui nous importe le plus : un homme qui voyage aussi en