Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/340

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de perches et d’anguilles de première qualité, et donnent, en outre, un revenu régulier de 1,000 liv. Vingt arpents de vignobles, avec des chaumières pour les vignerons, produisent d’excellent vin tant rouge que blanc ; des bois fournissent aux besoins du château pour le combustible, et enfin neuf terres, louées à des métayers pour la moitié du produit, rapportent 10,500 liv. (459 l. st. 7 sh. 6 d.), soit en tout, pour revenu brut des fermes, des moulins et du poisson, 12,500 liv. Sa surface, autant que j’en ai pu juger par le coup d’œil et les notes que j’ai recueillies, peut dépasser 3,000 arpents ou acres contigus et attenant au château. Les charges, comme impôts personnels, réparations, garde-chasse (car on jouit de tous les droits, seigneuriaux, haute justice, etc.), intendant, vin extra, etc., se montent environ à 4,400 liv. (192 l. st. 10 sh.). Le produit net est donc, par an, de 8,000 liv. (350 l. st.). On en demande 300,000 liv. (12,125 l. st.) ; mais pour ce prix on cède l’ameublement complet du château, toutes les coupes de bois, évaluées, pour le chêne seulement, à 40,000 liv. (1,750 l. st.), et tout le bétail du domaine, savoir : 1,000 moutons, 60 vaches, 72 boeufs, 9 juments et je ne sais combien de porcs. Sachant très bien que je trouverais à emprunter sur ce gage tout l’argent nécessaire à l’acheter, ce ne fut pas peu de chose pour moi de résister à cette tentation. Le plus beau climat de la France, de l’Europe peut-être ; d’excellentes routes, des voies navigables jusqu’à Paris ; du vin, du gibier, du poisson, tout ce que l’on peut désirer sur une table, hors les fruits du tropique ; un bon château, un beau jardin, des marchés pour tous les produits ; par-dessus tout 4,000 acres de terres tout encloses, capables de rapporter quatre fois davantage en peu de temps et sans frais, n’y avait-il pas là de quoi tenter un