Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme comptant vingt-cinq ans de pratique constante de l’agriculture convenable à ce terrain ? Mais l’état des choses, la possibilité de voir les meneurs de la démocratie à Paris abolir, dans leur sagesse, la propriété ainsi que les rangs, la perspective d’acheter avec ce domaine ma part d’une guerre civile, m’empêchèrent de m’engager sur le moment ; cependant je suppliai le marquis de ne vendre à personne avant d’avoir reçu mon refus définitif. Quand j’aurai à faire un marché, je souhaite avoir affaire à un homme comme le marquis de Gouttes. Sa physionomie me plaît : à un grand fonds d’honneur et de probité il joint la facilité de rapports et la courtoisie de ses compatriotes, et l’apparence digne venant de son origine noble et respectable ne lui ôte rien de ses dispositions aimables. Je le regarde comme un homme du commerce le plus sûr dans toutes les occasions. Je serais resté un mois dans le Bourbonnais si j’avais voulu visiter toutes les terres à vendre. À côté de celle de M. Gouttes, il y en a une appelée Ballain, que l’on fait 270,000 liv. M. l’abbé Barut ayant pris rendez-vous avec le propriétaire, me mena, dans l’après-midi, voir le château et une partie des terres. Le pays est partout le même et cultivé de même. Il y a à Ballain huit fermes, que le propriétaire garnit de gros bétail et de moutons ; les étangs donnent aussi un beau produit. Le revenu est à présent de 10,000 liv. (437 l. st. 10 sh.) ; le prix de 260,000 (11,375 l. st.) ; plus 10,000 liv. pour le bois : c’est la rente de vingt-cinq années. Près de Saint-Pourçain s’en trouve une autre de 400,000 liv. (17,500 l. st.), dont les bois, s’étendant sur 170 acres, rapportent 5,000 liv. par an ; le vin des 80 acres de vignes est si bon qu’on l’envoie à Paris. La terre est propre à la culture du froment et en partie emblavée ; le château est moderne, avec toutes