Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/350

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procurai un guide et des mules pour visiter la chaussée basaltique de Chilliac (Chilhac), qui ne vaut certes pas qu’on se dérange. À Fix, j’ai vu un beau champ de trèfle, spectacle qui n’avait pas réjoui mes yeux, je crois, depuis l’Alsace. Je demandai à qui il appartenait : à M. Coffier, docteur en médecine. J’entrai chez lui pour obtenir quelques renseignements qu’il me donna très courtoisement en me permettant de parcourir presque toute sa ferme. Il me fit présent d’une bouteille de vin mousseux fait en Auvergne. Je lui demandai le moyen de visiter les mines d’antimoine à quatre heures d’ici ; mais il me dit que l’on était si enragé dans les environs et qu’il y avait eu dernièrement de si grands excès, qu’il me conseillait d’abandonner ce projet. À en juger par le climat et par les bois de pin, l’altitude doit être assez grande ici. Depuis trois jours je fondais de chaleur ; aujourd’hui, quoique le soleil soit brillant, je suis aussi à mon aise qu’un jour d’été en Angleterre. Il ne fait jamais plus chaud, mais on se plaint de l’intensité du froid de l’hiver ; l’année passée, il y a eu seize pouces de neige. L’empreinte des volcans est marquée partout ; les édifices et les murs de clôture sont en lave, les chemins formés de lave, de pouzzolane et de basalte : partout on remarque l’action du feu souterrain. Il faut cependant faire des réflexions pour s’apercevoir de la fertilité du sol. Les récoltes n’ont rien d’extraordinaire ; quelques-unes même sont mauvaises, mais aussi il faut considérer la hauteur. Nulle part je n’ai vu de cultures à cette altitude ; le blé vient sur des sommets de montagnes où l’on ne chercherait que des rochers, du bois ou de la bruyère (erica vulgaris). — 42 milles.

Le 17. — Les 15 milles de Fix au Puy en Velay sont du dernier merveilleux. La nature, pour enfanter ce