Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/353

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Thuytz (Thueyts) ; il y a des scieries, une roue d’engrenage qui, poussant les pièces de bois, dispense d’employer un homme à cette besogne ; c’est un grand progrès sur ce qui se fait aux Pyrénées. Passé près d’une magnifique route neuve sur le versant d’immenses montagnes de granit, des châtaigniers se voient partout, étendant une verdure luxuriante sur des roches nues où il n’y a pas de terre. On sait que ce bel arbre aime les sols volcaniques ; il y en a de remarquables, j’en mesurai un de quinze pieds de circonférence à cinq pieds du sol ; beaucoup ont de neuf à dix pieds, avec une hauteur de cinquante à soixante pieds. À Maisse (Mayres), la belle route fait place à une autre route presque naturelle, qui traverse le rocher pendant quelques milles ; mais elle reprend environ 1/2 mille avant Thuytz ; elle égale tout ce que l’on peut voir. Formée de matériaux volcaniques, elle a quarante pieds de largeur, sans un caillou ; c’est une surface de niveau cimentée par la nature. On m’assura qu’un espace de 1,800 toises, soit 2 milles 1/2, avait coûté 180,000 liv. (8,250 liv.). Elle conduit, comme d’habitude, à une misérable auberge, mais l’écurie est large, et sous tous les rapports, l’établissement de M. Grenadier surpasse celui des demoiselles Pichot. Les mûriers font ici leur apparition, et avec eux les mouches ; c’est le premier jour où je m’en sois trouvé incommodé. À Thuytz, je me proposais de passer un jour pour aller à quatre milles de là visiter la Montagne de la Coup au Colet d’Ajza,[1] dont M. Faujas de Saint-Fond a donné une vue remarquable dans ses Recherches sur les volcans éteints. Je commençai mes dispositions en me procurant un guide et une mule pour le lendemain. À l’heure du dîner, le guide et sa

  1. Montagne de la Coste, au Coulet d’Ayzac (Carte de Cassini).