Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/360

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dont ils savourent en de tels moments les plus exquises jouissances. Je veux ici rendre honneur à sa mémoire, deux cents ans après ses efforts. C’était un excellent cultivateur et un excellent patriote, et Henri IV ne l’eût pas choisi comme l’agent principal de son grand projet de l’introduction de la culture des mûriers en France, sans sa renommée considérable, renommée gagnée à juste titre, puisque la postérité l’a confirmée. Il y a trop longtemps qu’il est mort pour se faire une idée précise de ce que devait être la ferme. La plus grande partie se trouve sur un sol calcaire ; il y a près du château un grand bois de chênes, beaucoup de vignes et des mûriers en abondance, dont quelques-uns sont assez vieux pour avoir été plantés de la main vénérable de l’homme de génie qui a rendu ce sol classique. Le domaine de Pradelles, dont le revenu est d’environ 5,000 livres (218 liv. st. 15 sh.), appartient à présent au marquis de Mirabel, qui le tient de sa femme, descendante des de Serres. J’espère qu’on l’a exempté de taxes à tout jamais ; celui qui, dans ses écrits, a posé les fondements de l’amélioration d’un royaume, devrait laisser à sa postérité quelques marques de la gratitude de ses concitoyens. Quand on montra, comme on me l’a montrée, la ferme de Serres à l’évêque actuel de Sisteron, il remarqua que la nation devrait élever une statue à la mémoire de ce grand génie : le sentiment ne manque pas de mérite, quoiqu’il ne dépasse pas en banalité l’offre d’une prise de tabac ; mais si cet évêque a en main une ferme bien cultivée, il lui fait honneur. Soupé avec monsieur et madame de Boissière, etc., et joui d’une agréable conversation. — 21 milles.

Le 21. — M. de Boissière, voulant avoir mon avis sur