Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/363

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frères à leurs concitoyens dans l’église catholique pour chanter le Te Deum, le jour des actions de grâces générales pour l’établissement de la liberté ; ils y avaient consenti par égard pour son caractère personnel. Sa conviction est ferme que chaque parti cédant un peu et adoucissant ou retranchant ce qu’il y a de trop blessant pour l’autre, ils pourront parvenir à un complet accord. Cette idée est si généreuse que je doute qu’elle convienne à la multitude, indocile à la voix de la raison, mais soumise à des futilités et à des cérémonies, et attachée à sa religion en raison des absurdités qu’elle y trouve. Il n’y a pas pour moi le moindre doute que la populace anglaise serait plus scandalisée de voir délaisser le symbole de saint Athanase, que tout le banc des évêques dont les lumières pourraient être une réflexion exacte de celles de la Couronne. M. l’abbé Bérenger vient d’achever un mémoire pour l’Assemblée nationale, dans lequel il propose son projet d’union des deux églises, et il a l’intention d’y ajouter une clause pour faire autoriser le mariage des prêtres. Il lui semblait évident que l’intérêt de la morale et celui de la nation demandaient que, cessant de rester isolé, le clergé partageât les relations et les attachements de ses concitoyens. Il faisait voir combien était triste la vie d’un curé de campagne, et, flattant mes goûts, il avançait que personne ne pouvait se livrer a la culture sans l’espoir de voir ses travaux continués par ses héritiers. Il me montra son mémoire, et je vis avec grand plaisir la bonne harmonie qui régnait entre gens des deux confessions, grâce, sans doute, à d’aussi bons curés. Le nombre des protestants est très considérable dans ce pays. Je l’engageai fortement à mettre à exécution son plan de mémoire sur le mariage, en l’assurant que, dans les circonstances actuelles,