Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/366

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tendrement aimées, qui, faute d’un Pétrarque, ont vécu et sont mortes dans l’oubli ! tandis que des milliers de voyageurs, guidés par ces lignes impérissables, viennent, poussés par des sentiments que le génie seul peut exciter, mêler leurs soupirs à ceux du poète qui, a voué ces restes à l’immortalité ! J’ai vu dans la même église un monument au brave Crillon, j’ai visité aussi d’autres églises et d’autres tableaux ; mais à Avignon, c’est toujours Laure et Pétrarque qui dominent. — 19 milles.

Le 28. — Visite au père Brouillony, visiteur provincial, qui, avec, la plus grande obligeance, me mit en rapport avec les personnes les plus capables en agriculture. De la roche où s’élève le palais du légat, on jouit d’une admirable vue des sinuosités du Rhône ; ce fleuve forme deux grande îles, arrosées et couvertes, comme le reste de la plaine, de mûriers, d’oliviers et d’arbres à fruits, les montagnes de la Provence, du Dauphiné et du Languedoc bornant l’horizon. J’ai été frappé de la ressemblance des femmes d’ici avec les Anglaises. Je ne pouvais d’abord me rendre compte en quoi elle consistait ; mais c’est dans la coiffure : elles se coiffent d’une manière tout à fait différente des autres Françaises.[1]. Une particularité plus à l’avantage du pays, c’est qu’on ne porte pas de sabots, je n’en ai pas vu non plus en Provence. Je me suis souvent plaint de l’ignorance de mes commensaux à table d’hôte, c’est bien pis ici : la politesse française est

  1. Nous avons été, comme vous, frappés de la ressemblance des femmes d’Avignon avec les Anglaises, mais elle nous parut venir de leur teint, qui est naturellement plus beau que celui des autres Françaises, plutôt que de leur coiffure, qui diffère autant de la nôtre que de celle de leurs compatriotes. (Note d’une dame de mes amies.) (Note de l’auteur.)