Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/419

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France, doit être infatigable dans la recherche des matériaux : eût-il rassemblé ses pièces avec tout le soin possible, quand il les examine de sang-froid, pour les arranger, il en trouve beaucoup de peu de valeur réelle, et plus encore d’une inutilité absolue.

Le 15. — Visité au Palais-Royal les peintures du duc d’Orléans, ce qui m’avait été refusé déjà une ou deux fois. On sait que la collection est très riche en œuvres des maîtres hollandais et flamands, dont quelques-unes sont finies avec ce soin minutieux donné par l’école aux détails d’expression. Mais c’est un genre peu intéressant lorsque l’on trouve tout auprès les tableaux des grands artistes de l’Italie ; sous ce rapport la collection du Palais-Royal est une des premières du monde ; Raphaël, A. Carrache, Titien, Dominiquin, Corrège, Paul Véronèse, s’y trouvent réunis. Le premier morceau de la collection est l’un des plus beaux qui soient jamais sortis d’un chevalet : ce sont les Trois Maries et le Christ mort, par A. Carrache ; le pouvoir de l’expression ne saurait aller plus loin. Il y a un Saint Jean, de Raphaël, semblable à ceux de Florence et de Bologne, et une inimitable Vierge à l’enfant, du même. Une Vénus au bain et une Magdeleine, par Titien ; une Lucrèce, par André del Sarto ; une Léda par Paul Véronèse, et une autre, par Tintoret ; Mars et Vénus et quelques autres choses, de Paul Véronèse ; une femme nue, par Bonieu, peintre français encore vivant, morceau assez agréable. Quelques belles toiles de Poussin et de Lesueur. Les appartements tromperont tout le monde : je n’ai pas vu une belle salle ; tout cela est au-dessous du rang et de l’immense fortune du duc, qui est le premier propriétaire d’Europe. Dîné chez le duc de Liancourt ; dans la compagnie se