Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répéta mon nom à l’assemblée, en demandant s’il éveillait quelques objections : « Aucune. » Voilà toute la cérémonie, non pas seulement de présentation, mais même d’élection : car on me dit qu’à présent je puis toujours être admis en ma qualité d’étranger. On procéda ainsi à dix ou douze autres élections. On débat dans ce club toute question qui doit être portée à l’Assemblée nationale, on y lit les projets de lois, qui sont rejetés ou approuvés après correction. Quand ils ont obtenu l’assentiment général, tout le parti s’engage à les soutenir. On y arrête des plans de conduite, on y élit les personnes qui devront faire partie des comités, on y nomme des présidents pour l’assemblée. Revenu chez la duchesse d’Anville, où le temps coule toujours pour moi d’une manière agréable.

L’une des choses les plus amusantes d’un voyage à l’étranger, c’est le spectacle de la différence des coutumes dans les choses de la vie usuelle. Sous ce rapport, les Français ont été généralement regardés en Europe comme ayant fait les plus grands progrès, et, par suite, leurs manières, leurs coutumes ont été plus copiées que celles de toute autre nation. Il n’y a qu’une opinion sur leur cuisine ; car, en Europe, tout homme qui tient table a soit un cuisinier français, soit un de leurs élèves. Je n’hésite pas à la proclamer bien supérieure à la nôtre. Nous avons en Angleterre une demi-douzaine de plats vraiment nationaux surpassant, à mon avis, tout ce que peut offrir la France ; j’entends un turbot à la sauce au homard, du poulet avec du jambon, de la tortue, un quartier de venaison, une dinde à la sauce aux huîtres, et puis c’est tout. C’est un vrai préjugé de mettre le rosbif dans cette liste ; car il n’y a pas de bœuf au monde comme celui de Paris. Sur toutes les grandes tables où j’ai dîné, il y en avait toujours