Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/73

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voitures qui près de Londres arrête le voyageur. J’attendis en vain ; car le chemin, jusqu’aux barrières, est un désert en comparaison. Tant de routes se joignent ici, que je suppose que ce n’est qu’un accident. L’entrée n’a rien de magnifique ; elle est sale et mal bâtie. Pour gagner la rue de Varenne, faubourg Saint-Germain, je dus traverser toute la ville, et le fis par de vilaines rues étroites et populeuses.

À l’hôtel de Larochefoucauld, j’ai trouvé le duc de Liancourt et ses fils, le comte de Larochefoucauld et le comte Alexandre, ainsi que mon excellent ami, M. de Lazowski, que tous j’avais eu le plaisir de connaître dans le Suffolk. Ils me présentèrent à la duchesse d’Estissac, mère du duc, et à la duchesse de Liancourt. L’agréable réception et les attentions amicales que me prodigua toute cette généreuse famille étaient de nature à me laisser la plus favorable impression… — 42 milles.

Le 26. — J’avais passé si peu de temps en France que tout y était encore nouveau pour moi. Jusqu’à ce que nous soyons accoutumés aux voyages, nous avons un penchant à tout dévorer des yeux, à nous étonner de tout, à chercher du nouveau en cela même où il est ridicule d’en attendre. J’ai été assez sot d’espérer trouver le monde bien autre que je le connaissais, comme si une rue de Paris pouvait se composer d’autre chose que de maisons, les maisons d’autre chose que de brique ou de pierre ; comme si les gens qui s’y trouvent, parce qu’ils n’étaient pas des Anglais, eussent dû marcher sur la tête. Je me déferai de cette sotte habitude aussi vite que possible, et porterai mon attention sur le caractère national et ses dispositions. Cela mène tout naturellement à saisir les petits détails qui les