Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/88

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comme ils l’entendent, mais lorsque ceux-ci atteignent la taille voulue, les officiers du roi jouissent d’un privilège, pourvu qu’ils donnent le prix offert par d’autres. On ne monte pas ces chevaux avant six ans. Ils pâturent tout le jour ; la nuit on les renferme par crainte des loups, une des grandes plaies du pays. Un cheval de six ans, haut de quatre pieds six pouces, se vend soixante-dix liv. st. ; on a offert quinze liv. st. d’un poulain d’un an. Passé Uzarche ; dîné à Douzenac ; entre cet endroit et Brives, rencontré le premier champ de maïs ou blé de Turquie.

La beauté du pays, dans les 34 milles qui séparent Saint-Georges de Brives, est si variée, et sous tous les rapports si frappante et de tant d’intérêt, que je n’entreprendrai pas une description minutieuse ; je remarquerai seulement, d’une manière générale, que je doute qu’il y ait en Angleterre ou en Irlande quelque chose de comparable. Ce n’est pas que, dans le Royaume-Uni, une belle vue ne rompe çà et là l’uniformité ennuyeuse de tout un district, et ne récompense le voyageur ; mais il n’y a pas cette rapide succession de paysages, dont bon nombre seraient fameux en Angleterre par la foule de curieux qu’ils attireraient. Le pays est tout en collines et en vallées ; les collines sont très hautes, elles seraient chez nous des montagnes si elles étaient désertes et revêtues de bruyères ; la culture, qui s’étend jusqu’au sommet, les amoindrit à l’œil. Leurs formes sont très variées : elles se renflent en dômes superbes ; elles se dressent en masses abruptes, enserrant des gorges profondes (glens) ; elles s’étendent en amphithéâtres de cultures que l’œil suit de gradin en gradin ; à de certains endroits se trouvent amoncelées mille et mille inégalités de terrain ; dans d’autres, la vue se repose sur des