Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/96

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Les fossés, rapidement comblés par la boue, avaient débordé sur la route et porté du sable et du limon au travers des récoltes.

Traversé les plus beaux champs de blé que l’on puise voir nulle part. L’orage a donc été heureusement partiel. Passé à Saint-Jorry ; route superbe, sans surpasser celles du Limousin. Jusqu’aux portes de Toulouse, c’est le désert ; on ne rencontre pas plus de monde que si l’on était à cent milles de toute cité. — 31 milles.

Le 14. — Visité la ville, qui est très ancienne et très grande, mais non peuplée à proportion ; les édifices sont de briques et de bois, et, par suite, de triste apparence. Toulouse s’est toujours enorgueilli de son goût pour les beaux-arts et la littérature. Son université date de 1215, et ses prétentions font remonter la fameuse Académie des Jeux floraux jusqu’à 1323 ; elle possède aussi une Académie royale des sciences, et une autre de peinture, sculpture et architecture. L’église des Cordeliers a des caveaux, dans lesquels nous descendîmes, et qui ont la propriété de préserver les cadavres de la corruption ; on en montre que l’on dit avoir cinq cents ans.

Si j’avais un caveau bien éclairé, qui conservât l’air et la physionomie, aussi bien que la chair et les os, j’aimerais à y voir tous mes ancêtres, et ce désir serait, je le suppose, proportionné, à leur mérite et à leur renommée ; mais la tombe ordinaire, avec sa voracité, est préférable à celle-ci qui conserve des difformités cadavéreuses et perpétue la mort. Toulouse n’est pas sans objet plus intéressants que des églises et des académies : il y a le nouveau quai, les moulins à blé et le canal de Brienne. Le quai est très long, bel ouvrage sous tous les rapports ; les maisons qu’on doit bâtir