Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/164

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— Ah ! voilà qui va bien !" fit le chevalier en s’épongeant.

Un falot apparut de l’autre côté du fossé. Une voix cria :

"Avancez !"

Capestang, d’un bond, franchit le pont, pénétra sous une voûte.

"Entrez là !" dit la même voix, et l’homme désigna une porte qui s’ouvrait sur le flanc droit de la voûte, tandis qu’au fond, le grand portail massif demeurait solidement fermé.

"Jamais je n’arriverai !" rugit en lui-même Capestang.

Il entra pourtant. Il se vit alors dans un vaste corps de garde. Et, tout de suite, il remarqua au fond une autre porte vitrée qui s’ouvrait, elle, sur la cour intérieure du château. Il y avait là une douzaine de suisses assis sur des escabeaux. L’officier subalterne qui commandait ce poste, sorte de sergent, fort bel homme comme tous ceux qui l’entouraient, demanda avec un fort accent de la Suisse allemande :

"Que voulez-vous ? Que demandez-vous ?

— Parler tout de suite au capitaine des gardes. Il y va de la vie d’une illustre personne que je ne puis nommer. Hâtez-vous ! Mais hâtez-vous donc ! Allez le chercher ! Ou mieux conduisez-moi à lui ! Allons donc, corbacque !

Der Teufel ! répondit le sergent pour ne pas être en reste. Comme vous y allez, mon gentilhomme ! Prenez garde aux camions... Et vous dites que c’est grave ?

— Voilà une heure que je vous le crie ! hurla Capestang. Vous serez cassé, pendu, tiré à quatre chevaux si M. Vitry n’est prévenu à temps ! Comme le régicide Ravaillac, entends-tu, comme un régicide !

Der Teufel ! répéta le sergent en se grattant l’oreille. Lafleur, allez réveiller le capitaine des gardes de Sa Majesté (un soldat sortit par la porte vitrée). Vous me répondez au moins, mon gentilhomme, prenez donc garde aux camions ! vous me répondez que la chose en vaut la peine ?"

Capestang haussa les épaules, et se rapprocha de la porte vitrée. Dans la nuit, il aperçut l’ombre du soldat Lafleur qui s’éloignait d’un pas majestueux et paisible vers l’aile droite du château, c’est-à-dire l’aile qui longeait la Seine.

"Trop tard, gronda le chevalier. Il sera trop tard ! Où loge le capitaine ?

— Voyez-vous ces deux fenêtres éclairées sur votre droite ? C’est là. Et derrière l’appartement du capitaine, commencent les appartements de Sa Majesté. Vous voyez, ce ne sera pas long. Mais reculez-vous, mon gentilhomme ! Il est défendu de s’approcher de cette porte ! (Capestang se mit à reculer machinalement vers le fond du corps de garde.) Là ! Patience, mon gentilhomme, prenez donc garde aux camions !

— Vous dites que ce ne sera pas long ? haleta Capestang en essuyant la sueur froide qui coulait sur ses joues.

— Dix minutes pour entrer chez le capitaine, un quart