Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/17

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de Tournon, en l'hôtellerie des Trois-Monarques. Si le hasard qui, paraît-il vous guide, et dirige vos actions, si ce hasard, donc, veut que vous ayez envie de me revoir, venez me demander là... Vous demanderez Mlle Marion Delorme."


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Notre jeune homme était demeuré à la même place, et déjà le carrosse qui emportait Marion Delorme avait disparu à ses yeux, lorsqu’une voix le tira de sa rêverie. Il releva vivement la tête et se vit en présence d’un tout jeune gentilhomme qui avait fort grand air et montait un superbe rouan pourvu d’un portemanteau. Et ce nouveau venu portait lui aussi, un costume en velours gris perle.

"Monsieur, dit-il, voici près de trois minutes que je tourne autour de vous.

— Trois minutes ! C'est bien long ou bien court.

— Ce que j'ai à vous dire sera plus court encore ! fit l’inconnu, qui semblait agité de fureur.

— Parlez donc ! dit notre jeune homme. Seulement, je vous préviens, si court que doive être votre discours, que ma patience sera encore plus courte. Qu’avez-vous à me dire ?

— Ceci : que, à l'auberge de Longjumeau, vous avez parlé à cette jeune fille qui vient de passer ici.

— Vous voulez dire qu'elle m'a parlé.

— L'un ou l'autre me déplaisent également. Et il me déplaît aussi que vous vous soyez arrêté en ce lieu pour lui parler encore.

— Est-ce tout ? grommela le maître de Fend-l’Air en se campant fièrement.

— Non, je veux vous dire encore que vos airs de capitan sont peut-être de mode à la Comédie-Italienne, mais que entre gentilshommes, ils sont d’un goût détestable.

— Monsieur, dit froidement notre aventurier, le capitan de la comédie n’a qu’une épée en bois, tandis que la mienne est en acier trempé, tout à fait capable de faire rentrer dans la gorge des amoureux transis les impertinences qu’ils débitent. Dégainez à l’instant, s’il vous plaît !

— Nous voici d’accord ! fit l’inconnu, qui reprit aussitôt un ton de parfaite politesse. Seulement, mon cher adversaire, j’oserai vous adresser une prière. Je suis fort pressé de courir après cette chaise de poste.

— Bon. Vous voulez du crédit, n'est-ce pas ?... Accordé !

— Vous êtes charmant. Soyez-le donc jusqu’au bout, et venez, dans trois jours me demander à déjeuner. Puis, nous irons nous couper la gorge.

— À merveille ? Et où devrai-je vous rejoindre pour vous donner une petite leçon d’escrime ?

— Votre dernière leçon. Mais à l'hôtellerie des Trois-Monarques, rue de Tournon, à Paris. C'est là que nous prendrons