Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/186

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mots qu’il faut que je répète toute la journée, afin que mes cheveux repoussent la nuit prochaine. A vous revoir, maître Lureau !

— Eh ! un instant, que diable ! cria Lureau en saisissant Cogolin par le bras.

— C’est que je suis pressé, voyez-vous. Parallaxis ! Il n’est pas agréable de servir de cible aux mauvais plaisants...

— À qui le dites-vous !

— Ni de faire peur aux femmes... Asclèpios !

— Hélas ! la mienne ne peut pas me sentir à cause de cela.

— Ni de risquer de s’enrhumer, Catachrèsis ! Laissez-moi donc courir où j’ai affaire.

— Et vous dites, reprit Lureau, qu’avec ces trois mots-là vous faites repousser vos cheveux en une nuit ?

— En une heure de temps. Exactement le temps qu’il a fallu pour les faire tomber. Mais ne me serrez pas si fort, je vous prie.

— Oh ! monsieur Cogolin, dit Lureau d’une voix tremblante, enseignez-les-moi, dites !

— Volontiers, car j’ai de l’estime pour vous : Parallaxis, Asclèpios, Catachrèsis ! Mais les mots sans la pommade sont insuffisants.

— Ah ! il y a une pommade ? s’écria maître Lureau en retenant énergiquement Cogolin.

— Un merveilleux onguent, Asclèpios ! Permettez, maître Lureau, je cours me procurer les ingrédients nécessaires ; j’y mettrai les vingt pistoles que mon maître m’a données aujourd’hui, mais, vous comprenez, la chose en vaut la peine.

— Peste ! je vous crois. Mais quels sont ces ingrédients ? demanda avidement Lureau.

— D’abord, il me faut une bonne pinte de sang tiré de huit poulets jeunes, dodus et bien constitués, blancs autant que possible. Aussi, je cours chez un marchand de volailles que...

— Mais nous avons une basse-cour, que diable ! s’écria Lureau. Et ensuite, que faut-il ?

Parallaxis. Il me faut la cuisse tout entière d’un bon cochon bien en chair, à condition que cette cuisse ait été préparée pour être conservée salée et fumée. Aussi, je cours chez...

— Mais nous avons des jambons, par la Vierge sainte ! Et il me semble qu’un beau jambon peut faire votre affaire. Et ensuite, que faut-il ?

Catachrèsis ! Vous allez me mettre en retard, maître Lureau. Ensuite, il me faut de la chair de lièvre en quantité, et je dois prendre la précaution de la hacher menu, de l’entremêler de tranches de chair à saucisse, d’envelopper le tout de bardes de lard, d’y adjoindre du thym, de l’hysope, du laurier, de placer le tout dans une pâte fine préparée d’avance et de faire cuire au four pendant deux heures. Si je ne