Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

depuis quelques jours. Concino était perdu s’il tuait ou faisait tuer Capestang par le fer ou le poison, la faim ou la soif, l’eau ou le feu.


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Pendant quelques jours, le chevalier de Capestang fut admirablement soigné par la dame au masque de velours qui, comme beaucoup de grandes dames de son époque, semblait avoir des notions de chirurgie élémentaire très suffisantes. Elle se faisait aider par un noir silencieux comme une tombe, mais adroit comme un écuyer savant. Seulement la dame ne répondait à aucune de ses questions. C’est tout au plus si, parfois, d’un accent étrange, elle murmurait :

"Allons, prenez patience."

Tout à coup, elle ne vint plus. Les blessures étaient alors en bonne voie de guérison, et le Nubien suffisait à la tâche. Une chose qui étonna fort le chevalier et lui donna à penser, c’est que la mystérieuse inconnue, à la dernière visite qu’elle lui fit, lui demanda la date exacte de sa naissance, le lieu, l’année, le jour, l’heure et même la minute s’il pouvait l’indiquer.

"Facilement, avait répondu Capestang, car il y a au castel de Trémazenc un livre manuscrit où sont détaillés les événements advenus à la famille. J’y ai donc vu, écrit de la main même de ma mère, que je vins au monde le 15 du mois de mars de l’an 1594, à deux heures précises du matin."

Ces renseignements furent portés par la Galigaï à l’astrologue du Pont-au-Change afin qu’il pût recommencer l’horoscope avec des données exactes. A partir de ce jour, Capestang ne revit plus celle qui l’avait si bien soigné. Mais comme il était parfaitement traité, que sa table se garnissait trois fois par jour de succulents solides et de généreux liquides, comme le lit et les fauteuils étaient excellents, le prisonnier ne s’inquiéta pas.

"Lorsque je serai complètement guéri, pensait-il, on me conduira dehors. Ce ne sera pas mal vu. Vive Dieu ! je commence à oublier la couleur du soleil, moi. Allons, patience comme elle me disait ! Mais qui est-elle ? Et quel intérêt peut-elle éprouver pour moi ?"

Vers le vingtième jour, le chevalier était tout à fait remis. Il se levait depuis quelque temps déjà et il avait trouvé à son chevet un équipement complet de cavalier, car le sien était en loques. Trois ou quatre jours se passèrent encore. Le chevalier se trouvait solide comme avant la bagarre, et il l’était