Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/398

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puisque dans Paris même le roi se révolte, le roi envoie ses gardes contre lui !

"En avant !" fait-il d’un geste.

Et toute la cavalcade s’engouffre dans la rue de la Tisseranderie, pour gagner l’hôtel de Guise ! Le Louvre est sauvé ! Louis XIII est sauvé ! Mais, avant de s’éloigner, le duc de Guise a pu jeter un coup d’œil sur l’homme qui vient de jeter cet avis, cette menace : « Voici les gardes du roi !» Et il a reconnu l’aventurier qu’il a rencontré le matin sur le grand chemin ! Il a reconnu le Capitan ! Capestang éclata de rire. Un rire fou qui le secoua pendant des minutes.

"Guise ! Guise ! Vivre le Grand Henri ! Vive Guise !

– Vive le fils du martyr !"

La cavalcade se hâta vers l’hôtel – vers la forteresse des Guises – car rien n’est prêt pour une bataille dans la rue, pour une collision avec les gardes sortis du Louvre. Dans la cour de sa forteresse, le duc a mis pied à terre au milieu de ses rudes partisans.

" Baissez le pont-levis ! Levez la herse !"

À ce moment, un seigneur tout effaré pénètre dans la cour, saute à terre et s’approche du duc :

"Monseigneur, il fallait marcher au Louvre : on n’a envoyé personne contre vous ! Pas un homme, pas un mousquet, pas un garde n’est sorti du Louvre !

— Nous avons eu peur d’une ombre ? grondent les partisans furieux. En avant ! En avant !

— Il est trop tard !" murmure le duc qui, songeant à cet éclat de rire du Capitan, gronde une imprécation furieuse.


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Le Louvre était sombre. Sa masse noire surgissait de l’ombre comme une silhouette de monstre. Quelques rares fenêtres éclairées çà et là piquaient la nuit de leurs lumières falotes et semblaient n’être là que pour mieux indiquer la ténèbre ambiante, comme les quelques rares gentilshommes fidèles au fils d’Henri IV semblaient ne venir au Louvre que pour en constater la solitude. Dans une de ces salles éclairées se tenaient immobiles, anxieux, des personnages pareils à des fantômes que rassemble quelque fatalité mystérieuse. À la fenêtre, debout, pâle, les lèvres serrées, le petit roi ! Sa tête nue reçoit les embruns de la brume qui le cingle. Louis treizième regarde passer celui qui demain sera roi s’il lui en prend la fantaisie. Louis treizième écoute les délirantes acclamations, dont chacune est un soufflet pour lui. Derrière lui, Albert de Luynes regarde aussi. Son profil de faucon s’accentue. Son nez se recourbe en