Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/505

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du repentir et de l’amour qui sommeillait au fond de son cœur, sous les ruines. Son esprit s’apaisa. Il entrevit la possibilité d’être heureux encore...

Recommencer sa vie ! La reprendre au moment où, de l’amour, il avait bifurqué vers l’ambition !... Oui, c’était une solution claire, et cette pensée lui vint comme un rayon de soleil. Il lui restait un million. Il était donc riche... Il irait retrouver Violetta à Meudon. Ensemble, ils rechercheraient leur fille. Puis il oublierait Cinq-Mars, Guise, la royauté, tout, pour vivre tout bêtement heureux entre sa femme et son enfant. Et c’était la suprême sagesse.

Vers trois heures du matin, le duc d’Angoulême se mit en route pour aller à Meudon. La pensée que Giselle, ne s’étant trouvée ni rue des Barrés ni rue Dauphiné, avait dû se réfugier à Meudon ne lui venait pas. Mais pour Violetta, il était sûr de la retrouver là, dans cette chambre aux meubles antiques, aux tapisseries fanées où elle se plaisait...

Il arriva à Meudon vers quatre heures et demie. D’instinct, et avant même que d’entrer dans le vieux castel, il alla frapper à la porte de la Pie-Voleuse, persuadé que dame Nicolette lui dirait ce qui se passait dans la mystérieuse maison où, au début de ce récit, nous avons fait entrer le lecteur. Un valet tout endormi vint ouvrir ; puis, ce valet, sur l’ordre du duc, alla réveiller la maîtresse du logis. Au bout d’un quart d’heure, dame Nicolette apparut. Elle poussa un grand cri et joignit les mains ; Angoulême regardait en souriant cette femme qui lui était aveuglément dévouée.

"Eh bien ! fit-il, on dirait, dame Nicolette, que ma présence vous étonne ?

— Il y a de quoi, monseigneur ! Vous étiez à la Bastille. Il faut donc que le roi Louis vous ait fait grâce ?

— Non, dit le duc assombri et poussant un soupir, et je ne crois pas que Louis XIII ait plus jamais occasion de gracier ou d’enfermer qui que ce soit. Mais, ma pauvre Nicolette, il ne s’agit pas de moi. Je veux savoir ce qui s’est passé au castel pendant mon absence, et...

— Attendez, monseigneur, interrompit Nicolette tout effarée, attendez une minute."

Et, laissant le duc étonné, elle se retira en levant les bras au ciel.

"Cette bonne femme perd la tête ! gronda le duc dont l’esprit fut traversé d’une mauvaise pensée. Sans doute elle ne sait pas que Guise est roi ! Allons, il faut que j’aille tout droit au castel. Et si elle n’est pas là ? ajouta-t-il en pâlissant, si ce dernier malheur m’était réservé..."

Il s’assit sur un escabeau, n’osant plus maintenant, et cherchant des prétextes.

"Elle est là, sûrement ! Mais il vaut mieux que Nicolette la prévienne d’abord de mon retour : sa tête est si faible. Pauvre petite ! C’est pourtant moi, c’est mon égoïsme... non ! oh