Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/66

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fait ! mais que j’ai donc soif ! Hum ! Il fait bien noir ici… m’auraient-ils mis dans un four ? ou dans une tombe ? murmura-t-il soudain tandis que ses cheveux se hérissaient. Ah çà, est-ce que je serais mort ? Est-ce que je vais avoir soif ainsi pendant l’éternité ?"

Le pauvre Capestang ne songeait guère à plaisanter. Il frissonna de terreur. Il acceptait l’une après l’autre toutes les idées plus ou moins lucides que la fièvre faisait défiler dans son esprit. Il raisonnait pourtant. Ou du moins il y tâchait, non sans vaillance. Il grommela :

"Il me semble tout de même que, si j'étais mort, je ne m'entendrais ni ne me sentirais. Or, j'entends. Voyons, crions quelque chose, pour voir !"

Et il cria : "Laguigne !"

Pourquoi cria-t-il cela plutôt qu’autre chose ? Sans doute une bizarre fantaisie de la fièvre qui faisait sonner ce nom dans sa tête.

"Hein ?" fit une voix imprécise et lointaine, une voix que Capestang n'entendit pas.

Mais il s'était entendu lui-même. Et cela lui suffisait pour l’heure.

"Je ne suis pas mort, dit-il. J'entends parfaitement. Mes oreilles vivent. Il est donc probable que le reste vit aussi. J’entends même un roulement de tambour."

Ce roulement de tambour, c’était un crépitement ininterrompu et monotone sur le toit. Qu’était-ce que ce crépitement ? Il était impossible au blessé de s’en rendre compte.

"Mais continua-t-il, que fais-je ici ? Je me souviens que j’ai tourné une clef. Je me suis donc renfermé quelque part. Ah ! Oh ! Aïe ! La malepeste !"

Un léger cri de souffrance avait interrompu le monologue. Cependant, dans le violent effort qu’il venait de faire, Capestang venait pour la première fois d’entrouvrir ses paupières lourdes comme des volets de plomb rabattus sur ses yeux. Il distingua alors qu’il se trouvait dans un étroit réduit, et qu’une lumière diffuse venait du plafond, c’est-à-dire des interstices que les tuiles du toit laissaient entre elles.

Ce toit était presque à pic, en sorte que Capestang eût pu se tenir debout presque partout dans le réduit, excepté dans l’angle extrême formé par le plancher et la pente de la toiture, et où il n’eût pu se glisser qu’en rampant. Il résultait de cet agencement qu’un homme qui eût marché debout de la porte à l’extrémité de cette mansarde eût infailliblement frappé de son front les tuiles du toit.

Une fois encore, Capestang essaya de se mettre debout. L’énergie de ce tempérament exceptionnel vint à bout de cette tentative. Le chevalier, haletant, s’appuya à la porte, essuya la sueur qui ruisselait sur son front et, sa nature exubérante reprenant alors le dessus, se mit à crier :

"Corbacque ! Maintenant, je retrouve la chance !

— Hein ?" répéta la voix mystérieuse