Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
ÉRIC LE MENDIANT.

Disons donc de suite, qu’au moment où la jeune fille atteignait l’extrémité du sentier où nous l’avons vue s’arrêter, un jeune homme, vêtu d’un costume élégant du matin, venait à elle, monté sur un magnifique cheval de race.

C’était presque un enfant encore… Il avait des yeux vifs et noirs, de longs cheveux bruns qui tombaient en boucles le long de ses tempes, et la petite moustache noire qui décrivait une courbe gracieuse sur sa lèvre, faisait ressortir la belle pâleur de sa peau…

Le jeune cavalier n’avait point remarqué Marguerite, ou s’il l’avait remarquée, il ne l’avait assurément pas reconnue, car il continua sa route, sans chercher à accélérer le pas tranquille de sa monture.

Son regard errait vaguement à droite et à gauche et sa pensée suivait son regard.

Il rêvait !…

Il rêvait… à ces mille choses douces ou graves, charmantes ou terribles, qui se présentent fatalement à tout homme qui entre dans la vie !…

Il se disait qu’il avait vingt-deux ans déjà, que la vie s’ouvrait devant lui, et qu’il ne savait quelle route choisir, parmi toutes ces routes qui s’offraient à lui.

Il se demandait quel sentiment inconnu, étrange, évoquait en son cœur enthousiaste le spectacle de l’Océan, ou cette sublime et triste harmonie des grandes solitudes.

C’était un enfant encore, et devant le problème insondable et irrésolu de la vie humaine, il se sentait hésiter, et il avait peur !…

Quand le vieux Tanneguy et le jeune cavalier se rencontrèrent, le visage du premier parut s’épanouir, et il lui fit un signe de tête plein de bienveillance et de sympathie. – Bonjour, monsieur Octave, lui