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UN CLAN BRETON.

que dieu qu’elle s’adresse, la prière console et fortifie !…

Pialla serra les mains du druide, et oubliant un moment le lieu où elle se trouvait, elle se reporta par la pensée au temps heureux qu’elle avait passé à Kerlô, pendant que Hlodowig y avait vécu, et son âme tout entière se retrempa dans ses souvenirs.

Tout à coup un grand mouvement se fit dans l’église, et la foule entière s’ébranla se précipitant à l’envi vers les issues.

Pialla se sentit entraînée malgré elle ; elle suivit le torrent qui l’emportait, et arriva à la porte extérieure au moment où le cortège des guerriers commençait à défiler.

Pialla n’avait jamais quitté la cour du comte Érech ; c’était la première fois que le spectacle des splendeurs d’une cour barbare se déployait sous ses yeux ; elle appuya familièrement son bras sur celui du druide, et, curieuse, elle regarda.

Sans savoir pourquoi, elle se sentit troublée. Son cœur battait à se rompre, une sourde inquiétude donnait à son regard un reflet sombre et fixe, et parfois elle sentait de singuliers frissons courir le long de ses membres.

Cependant les guerriers passaient un à un devant elle, salués à l’intérieur par les cris enthousiastes du peuple, au dehors par les fanfares sonores des musiciens. À ce moment même, un frémissement courut parmi la foule qui s’agita ; les cris s’élevèrent plus violents, et les fanfares éclatèrent plus joyeuses.

Un guerrier s’avançait donnant la main à une jeune fille, pâle et blonde, dont le regard s’abaissait timide et recueilli, sous les regards ardents de la foule.

À cette vue, Pialla pâlit affreusement ; elle ferma les yeux, croisa ses deux bras sur son cœur par un