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ÉRIC LE MENDIANT.

— Eh bien ! restez, mon ami. Allez encore chez le père Tanneguy… Pour moi, pour vous, pour elle aussi, ne partons pas ; tentez encore de les rencontrer ; notre persévérance sera couronnée de succès ; et si vous pouvez la voir seulement dix minutes, vous me l’avez dit, vous saurez si cette folie est incurable.

— Je vous le promets.

Et tous les jours c’étaient les mêmes instances de la part d’Octave et la même condescendance de celle d’Horace.

Il est vrai de dire que ce dernier n’était peut-être pas complètement désintéressé dans la question.

Le mystère dont on entourait Marguerite, les précautions inouïes que prenait le père pour n’en laisser approcher personne, pas même un médecin : tout cela avait éveillé sa curiosité au dernier point, et l’obligeance avec laquelle il semblait servir les intérêts d’Octave, était bien un peu mêlée d’entêtement pour son propre compte.

Mais jusqu’alors ses efforts avaient été vains, et rien ne pouvait faire supposer qu’il dût mener l’affaire à bonne fin.

Un jour, Octave était sorti du Conquet, et tout en se promenant, il avait insensiblement gagné la plaine, et son instinct, plus que sa volonté, l’avait dirigé vers la demeure de Marguerite.

C’était une petite habitation, placée sur une légère éminence, qui dominait conséquemment toute la côte, et devait jouir des beaux spectacles qu’offre la mer par les jours de grandes tempêtes.

On a beaucoup exploré la Bretagne, dans ces derniers temps surtout ; les touristes s’y sont donné rendez-vous de tous les points de la France, et cette terre, éminemment pittoresque, a été pendant quel-