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ÉRIC LE MENDIANT.

vait la voir. C’était la première fois qu’il lui arrivait de pousser ses excursions jusqu’à cet endroit, et il se sentait rougir et trembler comme un écolier pris en défaut.

Mais le désir de voir Marguerite fut plus fort ; il s’assit au pied de l’un des arbres qui servent d’allée à l’habitation, et attendit patiemment.

Il était six heures environ ; le soleil se couchait à l’horizon, il avait fait une journée magnifique. Il espérait la voir sortir, la rencontrer, lui parler ; mille rêves insensés à la réalisation desquels il ne croyait pas. Mais il attendait, et cette attente suffisait à emplir son cœur d’une douce émotion.

Une heure se passa ainsi sans qu’aucun incident vint troubler sa solitude ; Octave était désappointé, mais que pouvait-il faire ? Se résigner et revenir le lendemain, c’était le parti le plus sage, et déjà il se disposait à se lever quand un bruit de pas vint détourner son attention.

Ce pouvait être Marguerite ! et tout son être tressaillit ; mais cette joie dura peu, car dès qu’il se fut retourné, il aperçut un vieux mendiant qui venait à lui du bout de l’allée.

Le vieux mendiant s’appuyait sur un bâton noueux, et paraissait marcher avec beaucoup de peine. Octave eut pitié de lui et alla à sa rencontre.

— La charité, s’il vous plaît, mon bon monsieur, fit le vieillard dès qu’Octave fut à portée du chapeau qu’il tenait à la main et avec cette voix chevrotante et plaintive qui semble appartenir exclusivement aux mendiants bretons.

Octave laissa tomber une pièce blanche dans le chapeau qu’on lui tendait et se disposa à passer outre ; mais il s’arrêta presque aussitôt, comme poussé par une idée soudaine, et fit signe au mendiant de s’approcher.