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DISCOURS.


baluſtre de bois d’un demi pied de haut, & couvert d’un tapis de mouſſeline, un petit homme, aſſez gros, qui avoit l’œil vif & le regard gracieux : c’étoit le Rajah. Il me fit aſſeoir, me prefenta du Betel, & me demanda le ſujet de mon voyage. Je me dis Envoyé de M. Law, & montrai mon Paſſeport. Mais, ajouterent les Secretaires, le Paſſeport ne parle pas de Commiſſion particuliere : je repondis à cela que la crainte qu’il ne tombât entre les mains des Anglois étoit cauſe de ce ſilence. On voulut enſuite voir le Paſſeport du Nabab. La proposition m’embarraſſa ; je riſquai néanmoins d’en produire un de deux ans, dont je ne montrai que la Tchape : & comme j’avois affaire à des perſonnes bien intentionnées, on ne demanda pas à en voir davantage. Je faiſois mes réponſes en Perſan, & Aga Mohammed Aali, ancien Fauzdar de Balaſſor, les rendoit au Rajah, & y ajoutoit ce que lui ſuggeroit l’amitié qu’il avoit toujours eue pour les François. Rajah Ram ſatisfait, chargea Mohammed Aali de me loger chez lui juſqu’à mon départ, & ce généreux Muſulman le fit avec des foins, des égards que je ne puis encore me rappeller qu’avec étonnement. Je trouvai dans la Maiſon de Mohammed Aali un Mogol arrive depuis ſix jours de Mazulipatam, qui paſſoit pour Marchand de pierreries. Cet homme me parla juſte au ſujet du voyage de M. de Buffy dans le Bengale, me faiſant entendre que l’état du Dekan le demandoit à Aurengabad. Il m’apprit auſſi que les Anglois avoient à Katek un Medecin de leur Nation, qui demeuroit chez Aali Rafi Khan 3 Mogol au ſervice du Nabab de cette Province.

Je paſſai le 29 chez Mohammed Aali, ſans ſortir, occupé des ſuites de mon voyage ; & ce jour de repos ne contribua pas peu à me remettre des fatigues précédentes. Voici comment ce Seigneur paſſoit la journée. Le ſoir du 28 on nous ſervit pluſieurs paniers de Mangues. Nous en mangeâmes juſqu’à minuit, après avoir fumé le Hoka, converſant avec aiſance dans une cour en Parterre, que l’on avoit garnie de fauteuils : le Mogol dont j’ai parlé plus haut, 8 un autre ami de Mohammed Aali étoient nuds jufqu’à la