Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/171

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PRÉLIMINAIRE.

tantes du Chef de ce Comptoir, homme haut & dur, qui avec des pretentions à l’eſprit, affectoit de le mépriser, m’obligerent d’écrire à M. de Leyrit, pour le prier de certifier au Commandant de Mahé le traitement que la Compagnie nous faiſoit à mon frere & à moi, & lui demander même quelques avances. La premiere partie de ma Lettre eut ſon effet, & : je me diſpoſai ſur-le-champ à deux Voyages, l’un au Nord l’autre au Sud de Mahé, que j’avois projettés en arrivant à la Côte.

J’avois lu dans les Voyages du Pere Vincent Marie de Sainte Catherine de Sienne [1] que le Canara étoit ſéparé

[1] » Smontati (au ſortir d’une tonne) in queſto muovo Regno, vedemmo

    Trois ans après, en 1725, la Place qui étoit preſque détruite., fut repriſe par M. de Pardaillan, ce qui occaſionna avec le Bayanor une guerre qui dura huit mois. Ce Prince eut d’abord quelques avantages : mais la paix mit fin aux hoſtilités. Depuis, Mahé s’eſt aggrandi conſidérablement Cet Etabliſſement méritoit l’attention de la Compagnie, tant à cauſe de ſon Commerce(de Poivre, de Cardamon, de Sandal, de Gingembre, de Canelle pour l’lnde & pour l’Europe, de Perles que fournit la Côte de la Pêcherie, de pierres précieuſes que l’on trouve dans les terres, d’ailes de Requin que I’on porte à la Chine, de groſſes toiles fabriquées aux environs de Mahé & de Coleche, & qui ſont d’un grand debit à Baſſora, &c), qu’à cauſe de ſon emplacement, qui étoit ſuſceptible d’embelliſſemens & de fortiſication : mais pour cela les trois Forts auroient dû être unis par de bons murs. On auroit même pu renfermer dans ces murs Kalaicounou (le Fort de la montagne verte), & former ainſi une enceinte raiſonnable, prolongée juſqu’à Kodati, & à portée des ſecours. Il auroit enſuite fallu dreſſer une forte batterie ſur le bord de la mer près de Kodari, pour empêcher l’approche des Vaiſſeaux. Au moins ces ouvrages, en aſſurant la Colonie contre les entrepriſes des Noirs & des Anglois, auroient ils été plus utiles à la Compagnie que les conquêtes qu’elle a ſaites dans l’intérieur des Terres. J’aurai occaſion de parler de ces conquêtes dans la ſuite de cette Relation ; je ne puis en attendant m’empêcher de ſaire quelques réſlexions relatives à cet objet. Il ſuffit de faire un pas à la Côte Malabare, depuis le Cap Camorin juſqu’à Mangalor, pour voir que les Européans ne peuvent ſe ſoutenir dans les terres ſans des ſrais & même des pertes conſidérables. Le Pays bordé de montagnes qui le dominent de près eſt coupé par des rivières ſans nombre, & rempli de champs de Nelis & de Forêts de Bambous qui le rendent impraticable. Ajoutez à cela que la Nobleſſe Indienne (les Nairs) y eſt beaucoup plus brave qu’à la Côte de Coromandel ; que derrière ſes Bambous & ſes Cocotiers un Noir y vaut un Blanc qui n’a pu traîner avec lui ſon Artillerie, & que le ſecours, dans un pareil Pays, ne peut venir à tems, ni prévenir un aſſaut dans la ſaiſon des pluies, les François l’ont éprouvé à Neliceram & à Matelave. II n’y avoit donc que I’eſpérance flatteuſe d’un gain conſidérable qui pût nous engager à pénétrer dans les Terres. Cette eſpérance ne s’eſt jamais réaliſée, & ne pouvoit même avoir lieu, parce que les mêmes raiſons que je viens d’expoſer devoient nous empêcher de compter ſur les récoltes, ſur la foi des Traités, ſur la perception des droits & des tributs, ayant affaire à des Princes que nos Troupes ni nos Vaiſſeaux ne pouvoient aller aſſiéger dans leurs retraites.