Le Pays aux environs eſt bien cultivé. Vis-a-vis de Kiour eſt la Riviere que les Canarins nomment Kanferkora, & les Malabars, Kangerakottou, & au Nord-Oueſt la Fortereſſe du même nom. La riviere de Kanferkora defcend du Sud-Eſt, paſſe au Sud, coule enſuite l’eſpace d’une portée de canon de quatre, le long de la mer dont elle eſt ſéparée par une langue de terre tres-mince, &. s’y jette à l’Oueſt Sud-Oueſt. Son embouchure eſt défendue par une Redoute garnie de deux canons, conſtruite en pjerre & en terre ſur une montagne qui la domine.
Je mis une demie-heure à me rendre de Kiour a Kanferkora. Arrivé dans cet endroit, mon premier ſoin fut de m’informer de la muraille qui etoit l’objet de mon voyage. Les Brahmes que je conſultai, me dirent qu’ils n’en avoient nulle connoiſſance. Le Gouverneur de l'endroit me vint voir. C’etoit un vieillard reſpectable, nommé Pourſapnek. Il voulut m’engager à reſter quelques jours avec lui, & me pria d’accepter un petit préſent de figues bananes. Un de ſes Secretaires m’ecrivit l’Alphabet Canarin, & le BrahmeTameya, qui l’accompagnoit, me raconta pluſieurs expeditions du Canara. Il me parla d’Iemtapnay, General du Canara, qui prit il y a trois cens ans, Konda pour (appellé par les Portugais Barcelor), éloigné de cinq journées de Kanferkora, & de Ciapnek, qui chaſſa il y a quatre vingts ans les Portugais de Mangalor, & pouita les conquetes du Canara ſur les Nairs juſqu’à Ajenour, où il fit élever la pierre que j’y avois vûe.
Apres m’être repoſé quelque tems, aſſuré par mes yeux & par le temoignage des anciens de Kanferkora qu’il n’y avoit ni le long de la riviere, ni aux environs aucune muraille d’une ni de pluſieurs lieues, je revins ſur mes pas pour regagner Neliceram. En chemin je m’arretai ſur un maſſif de pierre haut de trois pieds, au Sud-Oueſt de Kanferkora. De-la je vis Kiour au Sud Sud-Eſt, la mer au Sud-Oueſt, & à l’Oueſt Nord-Oueſt une Moſquee accompagnée d’une pyramide. À une demie-heure de chemin de Kiour
