Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/95

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PRÉLIMINAIRE.


dant perfonne n’ouvrit la bouche en ma faveur ; & la prudence ne permettoit pas au Commandant, dans les circonſtances où il ſe trouvoit, de me ſoutenir contre un Corps aigri par les fatigues, & qui fe diſoit bleſſé par mes remarques critiques. Pour moi, aſſis tranquillement, les yeux baiſſés vers la terre, j’attendois que la fcene fur, achevee. Me levant alors, loin de me defendre, je vois bien, Monſieur, dis-je à M. Law, avec un froid de déſeſpoir, que je fuis de trop ici ; je quitte le Camp, & parts pour Pondichery : je vous prie de me faire expedier un Paſſeport, & de me donner en or deux cents roupies qui me ſont dues par le Comptoir de Schandernagor.

Ma réſolution étonne : le Voyage étoit de plus de quatre cents lieues & par des Pays où jamais Européen n’avoit paffe. Un filence morne fuccedc aux clameurs : la plupart fe retirent dans leurs Tentes. Bientot rhumanite appaife les tranfports de lacolere ; & quelques uns de ceux qui avoient paru les plus animes, m’apportent des fouliers, des piftolets, un fufil. Je ne pris pas cette derniere arme, trop pelante pour le voyage que j’allois faire ; je refufai, par la meme raifon, les deux cents roupies que Ton ne vouloit me donner qu’en argent, & quittai leCamp, feul, charge d’un petit paquet a-peu-pres pareil a celui que je portois c~dp.vH, trois ans auparavant, en fortant de Paris.

Je m’arrêtai quelque tems hors du Camp, à la Tente de l’Eltchi, (l’Envoyé du Nabab, qui accompagnoit l’armee, pour attendre le Couli qui devoir porter mon foible bagage. La, M. le Chevalier Carillon, a peine retabli d’une chute de cheval, vient me trouver avec M. de Saint-Martin Sc le Chirurgien de l’armee. Ces Meffieurs me temoignent la part qu’ils prennent a ma lituation, & me prelTcnt de recevoir quelqu’argent. Je n’avois fur moi que deux roupies d’or, refte de ce que j’avois apporte de Schandernagor. Tandis que je refufe leurs offres, en les remerciant de leur fenfibilite, M, Carillon met dans ma poche, fans que je m’en appcrcoive, fept roupies d’or : ils retournent enfuite auCamp, & je prends la route de Moxoudabad, en veſte, la jambe enflée, un piſtolet d’arçon à ma ceinture, muni