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SOUVENIRS SUR LÉNINE

ce qui se passait en Occident, plus d’une manifestation de snobisme artistique ou culturel.

Lénine prit aussitôt une part très active à la conversation.

« Que des forces s’éveillent et agissent pour donner à la Russie soviétique un art nouveau et une culture nouvelle, c’est là, dit-il, une bonne chose, une chose excellente. Que le rythme de cette évolution soit précipité, cela est bien naturel, et ce n’est pas un mal. Nous avons à rattraper et nous voulons rattraper les siècles qu’on a passés à ne rien faire. Une fermentation se produit comme au temps où le monde sortait du chaos, on cherche avec fièvre des mots d’ordre nouveaux et des solutions nouvelles, on acclame aujourd’hui telle tendance artistique ou culturelle que l’on condamnera demain : tout cela est inévitable.

« La Révolution déchaîne toutes les forces qui étaient contenues jusque-là et les fait remonter du fond à la surface. Un exemple entre cent. Songez au poids dont ont pesé sur l’évolution de notre peinture, de notre sculpture, de notre architecture, les modes et les caprices de la cour des tsars, ainsi que le goût et les fantaisies de messieurs les aristocrates et de messieurs les bourgeois. Dans une société fondée sur la propriété privée, l’artiste produit des marchandises pour le marché. Il lui faut des acheteurs. Notre Révolution a libéré les artistes du poids que faisait peser sur eux ce trop prosaïque état de choses. Grâce à elle, l’État soviétique est devenu