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SOUVENIRS SUR LÉNINE

paysans et les ouvriers. On donnait encore d’autres arguments pour montrer qu’en cas de continuation de la guerre, nos chances n’auraient pas cessé d’augmenter.

« Je crois même, dit Lénine, reprenant après une courte pause le fil de sa pensée, je crois que notre situation ne nous forçait pas de conclure la paix à tout prix. Nous pouvions tenir tout l’hiver. Mais j’ai considéré comme plus sage, plus politique de faire des concessions à l’adversaire, et les sacrifices momentanés imposés par une paix onéreuse m’ont paru moins coûteux que la continuation de la guerre. Les mots d’ordre pacifistes ne sont naturellement que des blagues. Mais nous utiliserons la paix avec la Pologne pour nous jeter, avec toutes nos forces, contre Wrangel et l’écraser de façon à en finir une fois pour toutes avec lui. Dans la situation actuelle, la Russie des Soviets ne peut que gagner si elle démontre par son attitude qu’elle ne fait la guerre que pour se défendre et défendre la Révolution ; qu’elle est le seul grand État pacifique du globe ; qu’elle n’a pas la moindre intention de conquérir de territoires, de soumettre des nations à son joug, de se précipiter dans des aventures impérialistes. Mais, d’abord, avions-nous le droit, sans y être poussés par la nécessité la plus impérieuse, de livrer le peuple russe aux horreurs, aux souffrances d’une nouvelle campagne d’hiver et nos héroïques combattants rouges, nos ouvriers et nos paysans, qui ont dé-