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CLARA ZETKIN

dont les répercussions étaient imprévisibles. « Cher Lénine, dis-je, faites ce que vous pourrez. Vous autres, Russes, vous avez la main leste pour battre. Vos bras s’ouvrent vite pour l’accolade. Je sais, d’après l’histoire de votre parti, que vous maudissez et bénissez tour à tour, avec la mobilité du vent qui passe sur vos steppes.

« Nous autres « Occidentaux », nous avons le sang lourd. Toute notre histoire pèse sur nous comme un cauchemar, pour parler comme Marx. Je vous le demande encore une fois instamment, faites ce que vous pourrez pour que nous ne perdions pas Paul Lévi. » Lénine répondit : « Soyez sans crainte. Je tiendrai ma promesse. Pourvu que Paul lui-même ne se laisse pas aller ». Et Lénine prit sa casquette, sa modeste casquette déjà usagée, et s’en alla de son pas tranquille, énergique.

Les « opposants » qui faisaient partie de la délégation allemande — les camarades Malzahn, Neumann, Franken et Muller — avaient comme de juste le désir très vif de se rencontrer avec Lénine, pour lui apporter, sur le caractère et les conséquences de l’ « action de mars », les renseignements de gens au courant. Le camarade Franken était délégué d’une région de la Rhénanie, les trois autres représentaient des syndicats. Ils considéraient avec raison qu’il importait de faire connaître au chef incontesté de l’internationale Communiste le sentiment de