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SOUVENIRS SUR LÉNINE

force indomptable que tout repose dans les usines et dans les syndicats. Voilà les éléments qu’il faut grouper et rendre actifs. C’est par eux que nous sommes en liaison avec les masses. »

Ouvrons ici une parenthèse où il ne sera pas question de politique. Quand Lénine venait me voir, c’était jour de grande fête pour tout le monde à la maison. Depuis les soldats rouges qui montaient la garde devant la porte jusqu’à la jeune servante de la cuisine, sans parler des délégués du Proche et de l’Extrême-Orient qui étaient logés comme moi dans la très spacieuse villa que la Révolution avait enlevée à un riche industriel pour en faire la propriété de la Commune de Moscou. « Wladimir Illitch est arrivé ! » La nouvelle volait de bouche en bouche. Tous étaient aux aguets. Ils s’assemblaient dans le grand vestibule ou à la porte de la maison pour saluer Lénine et lui faire signe. Une joie intense transfigurait les visages, quand il passait devant eux, les saluant de son bon sourire, et adressant quelques mots à l’un ou à l’autre. Il n’y avait pas ombre d’humilité, encore moins de servilisme d’un côté, pas une trace de condescendance et d’affectation de l’autre. Les soldats rouges, les ouvriers, les employés, les délégués du Daghestan, de la Perse, avec ces Turcomans en costumes des Mille et une nuits que Paul Lévi a rendu si célèbres, tous aimaient en Lénine un des leurs, et lui-même se sentait l’un d’entre eux. Unis dans un sentiment de pro-