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LE BOUTE-CHARGE

— Mais qu’a donc Pistolet ?

Le cavalier mettait pied à terre et cherchait inutilement la cause du mal : pas le moindre effort de tendon ou de boulet ; pas le plus maigre engorgement ; pas le plus petit clou de rue. Cependant Pistolet ne se soutenait que sur trois jambes. Le vétérinaire interpellé examinait la bête et finissait par dire gravement :

— Boiterie antérieure-gauche, ou boiterie postérieure-droite. — Rentrez-moi ce cheval.

On rentrait Pistolet ; et dix minutes après le départ de ses camarades, il gambadait joyeusement au milieu de la cour, ce qui faisait que le garde d’écurie émerveillé s’écriait :

— Ce rossard de Pistolet. Il a trouvé moyen de tirer au flanc !… ou mieux encore, le mot flanc étant remplacé dans le langage énergique et coloré du dragon par un substantif que madame de Sévigné n’eût pas craint d’écrire tout au long de ses trois petites lettres.

Au reste, s’il arrivait qu’on ne tint aucun compte de ses boiteries, Pistolet, dès qu’il se sentait définitivement déjoué, trottait comme