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LE BOUTE-CHARGE

Dans cette heure décourageante où l’on appelle en vain le sommeil qui fuit, où les membres endoloris qui voudraient se détendre se raidissent sous les morsures de la bise, où le cerveau qui cherche l’oubli se débat contre une sorte de névrose passagère, une tristesse qui confine au désespoir vient glacer l’âme des plus braves.

Dormir ! Le premier général qui trouvera le moyen de faire dormir ses troupes sera assuré de triompher toujours.

Alors, il est doux de se reporter au temps où l’on vivait de la vie heureuse de famille.

On voit se succéder avec une fantastique rapidité des scènes embrumées où les parents, les amis vivent et parlent. Des riens auxquels on n’avait jamais prêté la moindre importance viennent se retracer à l’esprit avec une netteté surprenante, des paroles oubliées bourdonnent à l’oreille attentive qui perçoit des bruits morts depuis des années. On reconstitue la ferme paisible ou le boulevard animé ; le hameau caché ou la ville puissante. Des détails d’en-