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LE BOUTE-CHARGE

au paysan qui passe, la bêche à l’épaule, à la jolie fille qui lève sa frimousse curieuse, aux lièvres qui montrent un instant les oreilles et déboulent précipitamment dans les sillons, aux compagnies de perdreaux qui se lèvent et s’envolent, silencieuses. On plaisante la tête solennelle des bonnes gens qui nous regardent passer dans les rues de villages ; parfois, on entonne en chœur quelque couplet appris au quartier pendant les veillées d’hiver ; on se raconte les accidents de la dernière étape ; on songe à la prochaine… Et la blancheur de la route serpente longuement à travers le coloris jaunâtre des terres.

Nous voici arrivés. Le premier coup d’œil de curiosité accordé aux maisons basses, aux toits moussus, crevés de verdures grimpantes et envahissantes, on met pied à terre à l’entrée de la rue principale. Il n’y a pas de temps à perdre. Le fourrier est là, qui distribue les billets de logement. Bientôt les dragons, deux à deux, s’en vont par les rues où des poules gloussent furieusement, et, leur billet à la