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LE BOUTE-CHARGE

Et, du doigt, le brigadier majestueux, comme le Jupiter Olympien au terrible Nutus, me montrait le corps du délit flagrant, indéniable : cinq ou six marrons tout frais éclos. Ah ! ces maudits marrons, je savais bien qu’ils auraient dû être déjà emmagasinés dans la vanette. Mais ils étaient là, accusateurs fumants, qui me reprochaient de manquer à tous mes devoirs ; et l’auteur du crime, je veux dire le cheval, tournant vers moi sa tête expressive, semblait me regarder d’un œil plein de malice.

Je ramassai piteusement les pièces a conviction ; et le brigadier se retira en grommelant : « Deux jours de clou… »

Deux jours de salle de force !

Des années ont passé sur ce moment de candide terreur. Et j’entends encore la voix grondante du brigadier, un brave homme qui me paraissait doué d’une puissance extraordinaire. Je me souviens encore du grand effet que me produisit l’annonce de cette punition — la première punition.

Je m’étais si bien promis de ne jamais être