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LE BOUTE-CHARGE

Ce couplet débite à pleins poumons me fit plaisir. Il me transportait à l’Opéra-Comique, au milieu des dorures, du chatoiement des velours, de l’éclat des lumières.

Mais qu’est-ce à dire ? Voici que la rampe s’illumine ; que la scène s’éclaire ?…

Eh ! non : nous ne sommes pas place Boïel-dieu. Nous sommes bien à quarante lieues de Paris, dans le vieux quartier de cavalerie, derrière la porte solidement verrouillée d’une salle de police ; et c’est un dragon qui vient d’allumer un bout de bougie introduit frauduleusement dans les plis de sa calotte.

Ce qui me stupéfie le plus en ce moment, c’est de voir les douze ou quinze gaillards allongés sur les planches, tous protégés par une couverture à cheval. Comment ont-ils pu faire ?…

— Ah ça, tu ne te couches pas, pierrot ?

C’est un des prisonniers qui me parle.

— Non : je préfère rester assis.

Rester assis !… Toute la nuit !… Nous la