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ET DU PETIT MÉDÉRIC

Sidoine s’assit. Médéric saisit à deux mains le bas de la culotte de fourrure, et, comme il était d’une merveilleuse agilité, il grimpa légèrement sur le genou de son compagnon, en s’aidant des touffes de poils et des accrocs qu’il rencontra en chemin. Puis il s’avança le long de la cuisse, qui lui sembla une belle grande route, large, droite, sans montée aucune. Arrivé au bout, il posa le pied dans la première boutonnière de la blouse, s’accrocha plus haut à la seconde, et monta ainsi jusqu’à l’épaule. Là, il fit ses préparatifs de voyage, prit ses aises et se coucha commodément dans l’oreille gauche de Sidoine. Il avait choisi ce logis pour deux raisons : d’abord il se trouvait à l’abri de la pluie et du vent, l’oreille en question étant une maîtresse oreille ; ensuite il pouvait, en toute sûreté d’être entendu, communiquer à son compagnon une foule de remarques intéressantes.

Il se pencha sur le bord d’un trou noir qu’il découvrit dans le fond de sa nouvelle demeure, et, d’une voix perçante, cria dans cet abîme :

— Maintenant, mon mignon, tu peux courir, si bon te semble. Ne t’amuse pas dans les sentiers, et fais en sorte que nous arrivions au plus vite. M’entends-tu ?

— Oui, frère, répondit Sidoine. Je te prie même de ne pas parler si haut, car ton souffle me chatouille d’une façon désagréable.

Et ils partirent.