Page:Zola - Fécondité.djvu/132

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ce modèle parfait de haute fortune, qu’elle s’efforçait de copier. Mais Constance profita du dérangement causé par la nouvelle venue, pour se lever, en disant qu’elle ne pouvait malheureusement rester davantage. Une amie devait l’attendre chez elle.

— Laissez-nous au moins Maurice, demanda Mathieu. Voici Reine maintenant, ils vont jouer tous les six ensemble, et je vous ramènerai le petit, lorsque nous l’aurons fait goûter.

Maurice était venu se remettre dans les jupes de sa mère. Celle-ci refusa.

— Oh ! non, oh ! non… Vous savez qu’il suit un régime, je ne veux jamais qu’il mange dehors… Bonsoir, je m’en vais. Je ne désirais que prendre de vos nouvelles en passant. Portez-vous bien, bonsoir.

Et elle emmena l’enfant, et elle n’eut pour Valérie qu’une poignée de main familière et protectrice, sans une parole, ce que cette dernière jugea d’une distinction parfaite. Reine avait souri à Maurice, qu’elle connaissait un peu. Elle était délicieuse, ce jour-là, dans sa robe de gros drap bleu, le visage riant sous ses épais bandeaux noirs, d’une ressemblance si grande avec sa mère, qu’elle semblait en être la petite sœur.

Marianne, ravie, l’appela.

— Venez m’embrasser… Oh ! la jolie demoiselle ! Mais qu’elle devient belle et grande ! Quel âge a-t-elle donc ?

— Bientôt treize ans, dit Valérie.

Elle s’était assise, dans le fauteuil que Constance avait quitté ; et Mathieu remarqua l’expression soucieuse de ses beaux yeux. Après avoir dit qu’elle passait, elle aussi, prendre des nouvelles, et s’être récriée sur la belle mine des enfants et de la mère, elle se taisait, assombrie, retombée à sa peine secrète, en écoutant Marianne la remercier, heureuse de tout ce monde qui ne l’oubliait pas. Il eut alors l’idée de les laisser seules.