Page:Zola - Fécondité.djvu/227

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et qu’elle a de gros ennuis dans son ménage. On y resterait à moins… Mais tout cela ne vous intéresse pas. Voyons notre affaire. »

En haut, quand il entra, carré des épaules, avec sa bonne figure colorée, aux yeux vifs, au fin sourire, Marianne l’accueillit du même reproche.

« Oh ! docteur, docteur…

— Me voilà, chère madame. Je vous jure bien que je n’ai pas pu venir plus tôt. D’ailleurs, je vous avoue que je n’avais aucune crainte sur votre compte, tant je vous sais courageuse et solide.

— Mais je souffre horriblement, docteur.

— Tant mieux ! c’est ce qu’il faut. Ça va être tout de suite fini, si vous avez de bonnes coliques bien franches. »

Et il riait, et il était gai, la plaisantant, lui disant qu’elle devait commencer à en prendre l’habitude, de ces bobos-là. Quatre ou cinq heures de souffrance, qu’est-ce que c’était, lorsque les choses marchaient bien, naturellement, sans la moindre inquiétude sérieuse ? Puis, lorsqu’il eut passé un grand tablier blanc et qu’il se fut libéré à un examen attentif de la patiente, il se récria d’admiration.

« C’est merveilleux, jamais je n’ai vu une présentation si favorable. Avant une heure, nous aurons le cher petit… Ah ! ça fait plaisir, voilà de la belle ouvrage, comme disent les braves femmes ! »

Vivement, aidé de la garde, il préparait tout, les linges et le reste. Il accueillait d’une bonne parole chaque plainte de Marianne, lui répétait de se laisser franchement souffrir, de pousser ferme, pour hâter le travail. Puis, pendant une accalmie, comme elle songeait à demander des nouvelles de Mme  Séguin, il se contenta de répondre qu’elle avait une fille, ce qui venait d’aggraver le désespoir du mari. Et, de même, Mathieu,