Page:Zola - Fécondité.djvu/282

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travail. Il serait la tête, il trouverait bien les bras nécessaires. Sa seule préoccupation était d’amener Séguin à lui céder l’ancien pavillon de chasse, ainsi que les quelques hectares autour, par annuités et sans argent comptant. Et, comme il questionnait le docteur à ce sujet :

« Oh ! répondit celui-ci, je le crois très bien disposé, car je sais qu’il serait ravi de vendre, tellement cet immense domaine inculte l’embarrasse, dans ses croissants besoins d’argent… Vous n’ignorez pas que tout va de mal en pis dans le ménage. »

Mais, discrètement, il s’interrompit pour demander :

« Et notre ami Beauchêne, l’avez-vous prévenu que vous alliez quitter l’usine ?

— Ma foi, non, pas encore. Je vous prie même de me garder le secret, car j’attends d’avoir tout terminé, avant de lui conter la chose. » Vivement, ils en étaient au café, et le docteur lui offrit de le prendre dans sa voiture, pour le reconduire à l’usine, ou il se rendait lui-même, Mme  Beauchêne l’ayant prié de venir ainsi une fois par semaine, à jour fixe, s’assurer de l’état de santé de Maurice. L’enfant, qui souffrait toujours des jambes, avait en outre un estomac si délicat, si faible, qu’il devait suivre un régime sévère.

« L’estomac des enfants que la mère n’a pas nourris, continua Boutan. Votre vaillante femme ne connaît pas ça, elle peut laisser manger à ses enfants tout ce qu’ils désirent. Pour ce pauvre petit Maurice, quatre cerises, au lieu de trois, déterminent une indigestion… Alors, c’est dit, je vous reconduis à l’usine. Seulement, il faut que je passe d’abord rue Roquepine, pour choisir une nourrice. Ça ne sera pas long, j’espère… Vite, partons ! »

Dans la voiture, il lui conta que c’était justement pour les Séguin qu’il se rendait au bureau de nourrices. Il se passait chez eux tout un drame, Séguin s’étant obstiné, le